Le tueur et son ombre, de Herbert Lieberman (1989)

685694_10447775Titre : Le Tueur et son ombre (titre original : Shadow Dancers)

Auteur : Herbert Lieberman

Année : 1989

Genre : Policier

Histoire :

L’inspecteur Mooney enquête sur une série de crimes particulièrement violents. Mais alors que l’enquête piétine, le médecin légiste Konig découvre qu’il y a deux tueurs, le deuxième imitant le premier.

Critique :

Alerte au chef d’œuvre ! Après avoir adoré Nécropolis du même auteur, j’avais hâte de me replonger dans le New York un peu glauque de Herbert Lieberman. Si comme moi, vous êtes amateurs de meurtres particulièrement horribles et sanglants, de psychopathes particulièrement torturés et de flics particulièrement déterminés, vous allez aimer Le Tueur et son ombre. Lieberman a une vraie plume et sait nous transporter dans des scènes qui sont anthologiques. On est captivé de la première à la dernière page dans cette chasse à l’homme qui dure des mois et des mois et qui pourtant ponctuée régulièrement de retournements, de découvertes, de nouveaux meurtres. Le Tueur et son ombre m’a vraiment offert ce que j’attends d’un roman policier ; du divertissement mais pas seulement ; des personnages creusés qu’on puisse se représenter et auxquels on puisse s’attacher, un écriture efficace allant à l’essentiel mais qui prend également son temps pour nous décrire des scènes (oui, de crime particulièrement affreuses et d’autopsie mais pas seulement) et la psychologie des personnages et des moments inoubliables. Tout cela mène à une ambiance extraordinaire, avec une mention spéciale pour la vieille maison de Suki qui me hantera sûrement pendant des mois (et me rendra maniaque). Arrive finalement un dénouement digne de Lieberman que j’avais pressenti mais que j’ai pourtant pris grand plaisir à découvrir tellement la fin d’enquête est bien menée. Le Tueur et son ombre est donc une œuvre à ne pas manquer, surtout lorsqu’on est friand de romans policiers mais pas seulement, et qui causera sûrement bien des nuits blanches de lecture tant on veut connaître la suite et on est immergé dans ce New York criminel.

Juste une mauvaise action, d’Elizabeth George (2014)

justeunemauvaiseactionTitre : Juste une mauvaise action (titre original : Just an evil act)

Auteur : Elizabeth George

Année : 2014

Genre : Policier

Histoire :

Alors que le lieutenant Lynley se reconstruit après un drame personnel, le sergent Havers est elle préoccupée par l’enlèvement de la fillette d’un ami, Azhar. La mère était partie sans donner de nouvelles avec sa fille en Toscane avant de revenir pour signaler le kidnapping de la petite., accusant Azhar d’avoir mis en œuvre cela pour se venger. Mais les choses s’avèrent être plus compliquées…

Critique :

J’ai pu lire Juste une mauvaise action dans le cadre de la masse critique organisée par Babelio et en ayant seulement lu le premier livre mettant en scène le sergent Havers et le lieutenant Lynley, Enquête dans le brouillard. J’avais beaucoup apprécié ce dernier et avait prévu de me replonger tôt ou tard dans une nouvelle aventure des deux enquêteurs.

En dépit des nombreuses critiques négatives ou du moins mitigées que j’ai lu sur plusieurs sites, il me semble que Juste une mauvaise action n’est pas un si mauvais roman, même s’il n’est pas un chef d’œuvre. L’affaire est très entraînante et bien que la fin soit prévisible, c’est avec plaisir qu’on se laisse porter par les multiples rebondissements qui ne sont pas redondants pour autant. Elizabeth George réussit malgré une enquête au départ très simple (l’enlèvement d’une fillette) à tisser une histoire sans longueurs et à construire une intrigue intéressante. Les personnages sont attachants, avec notamment une mention spéciale pour l’enquêteur italien Salvatore Lo Bianco dont j’espère qu’on recroisera le chemin dans les prochains romans. Havers est toujours aussi revêche et peu disposée à suivre les ordres et les conseils, mais elle est pourtant toujours aussi attachante. Quand à Lynley, il me semble qu’il est un peu en retrait pendant cette enquête, se remettant d’un traumatisme récent. Les lecteurs n’ayant donc pas lu les livres précédents seront peut-être un peu déçus (comme je l’ai été) de ne pas avoir pu suivre le fil de son histoire personnelle. J’ai lu également des lecteurs agacés par la traduction. Je ne peux pas en témoigner totalement mais il est dommage en effet que la traduction des phrases italiennes soient si maladroites. Elles sont parfois laissées (ce qui n’est pas un défaut en soi, car elles apportent parfois plus de réalisme aux scènes en Toscane) avec la même phrase traduite juste après, ce qui perturbe un peu le rythme des dialogues. Mais mis à part ces détails, Juste une mauvaise action reste un roman très intéressant qui nous entraîne réellement dans les rues et les paysages de la Toscane et dont on suit avec plaisir le récit et ses personnages.

Nécropolis, d’Herbert Lieberman (1976)

necropolisTitre : Nécropolis (titre original : City of the Dead)

Auteur : Herbert Lieberman

Année : 1976

Genre : Policier

Prix : Grand prix de littérature policière 1977 (roman étranger)

Histoire :

New York est la ville du crime et le docteur Konig, médecin légiste en chef, est aux premières loges pour s’en apercevoir. Tous les jours, il autopsie des cadavres de tout genre, jusqu’aux derniers qui sont arrivés par petits bouts, entendez membres tous découpés, une vraie soupe d’os.

Et puis un jour, sa fille Lolly disparaît. Konig va devoir la retrouver.

Critique :

Les coups de cœur deviennent une habitude, cette année…Mais ce n’est pas pour me déplaire, loin de là ! Surtout lorsque le dernier coup de cœur en question est un roman policier, genre que j’apprécie de plus en plus.

Dans ce domaine, Nécropolis est même plus qu’un policier. Herbert Lieberman, spécialiste du « policier new-yorkais », semble particulièrement bien renseigné sur le corps humain, en particulier lorsque celui-ci est en plusieurs morceaux et a passé un petit moment à moisir de la boue. Du coup, le lecteur a le droit à des descriptions absolument succulentes sur 500 pages, mais si vous aimez ce genre de malsainité autant que moi, vous allez adorer. Surtout que c’est intelligent, sur l’écriture comme dans l’histoire. Les personnages sont aussi vrais que nature, blasés dans la grosse pomme livrée à la violence et de laquelle ils semblent totalement prisonniers, pestant les uns contre les autres (on a d’ailleurs droit à de beaux échanges). Les intrigues se croisent, ayant en commun le personnage de Konig, et permettant de multiples rebondissements sans être lassants. Le coup de maître, et c’est ce dans quoi aurait pu tomber le roman, c’est que malgré ce milieu sombre et noir, Herbert Lieberman n’est pas déprimant.

Konig, lui, est une très belle trouvaille. C’est un personnage seul, obsédé par son travail, qui nous émoit par moment et qui pourtant, est un égoïste froid qui injurie ses collègues. C’est finalement un anti-héros total, un fonctionnaire dont la seule faille est la disparition de sa fille, mais sans cela, il serait vraiment détestable. Un personnage très fouillé psychologiquement que Lieberman nous offre donc là. L’auteur m’a convaincue et ses autres romans viennent de finir sur ma PAL.

Paris est une fête, d’Ernest Hemingway (1964)

parisestunefeteTitre : Paris est une fête (titre original : A Moveable Feast)

Auteur : Ernest Hemingway

Année : 1964

Genre : Roman autobiographique

Histoire :

Ernest Hemingway raconte ses premières années d’écrivain, lorsqu’il vivait à Paris avec sa femme Hadley dans les années 20, et alors qu’il était journaliste sans le sou et qu’il rédigeait des nouvelles et des contes.

Critique :

N’étant pas une grande connaisseuse en matière de littérature américaine, j’avais hâte de découvrir un de ses écrivains les plus emblématiques, Ernest Hemingway. Et cette expérience me donne vraiment envie de creuser plus la littérature du « nouveau monde » !

Paris est une fête est une ballade dans une ville magnifiquement décrite par l’auteur américain, où le seul défaut qui m’a un peu titillé eest l’écriture, parfois un peu lourde avec les « et » répétitifs, mais c’est vraiment là du chipotage. Passons plutôt à l’éloge du roman…Il n’y a pas de véritable histoire, seulement la déambulation d’un homme qui évoque des souvenirs et des tableaux dans la ville lumière dans les années 20. C’est une promenade magique, qui donne envie de visiter chaque lieu cité dans le livre et qui nous fait rencontrer comme jamais les contemporains d’Hemingway, comme Ford Madox Ford, Fitzgerald ou encore Ezra Pound, et nous fait rentrer dans leur intimité. L’écriture est simple et pourtant, nous fait tout ressentir : les odeurs dans les rues, le goût du café crème que boit l’auteur, et cela nous conduit jusqu’à imaginer la lumière du matin qui s’infiltre dans le petit appartement d’Hemingway où jouent son fils et leur chat. Pas de longues descriptions, et pourtant les images racontées par l’écrivain valent toutes les photographies noires et blanches de l’époque. Sa femme, qu’il dit être le personnage principal du livre, on a l’impression d’être près d’elle, de voir ses cheveux, de sentir son parfum et de pouvoir toucher le tissu de ses vêtements !

Une édition parue en 2011 (voir par exemple l’édition Folio) permet de prolonger le plaisir avec des vignettes parisiennes inédites qui sont elles aussi des moments de vie qui eurent lieu éphémèrement il y a presque cent ans, mais que Hemingway sait nous restituer avec brio !

Le Poète, de Michael Connelly (1996)

lepoeteTitre : Le Poète (titre original : The Poet)

Auteur : Michael Connelly

Année : 1996

Genre : Policier

Histoire :

Jack McEvoy, journaliste, vient de perdre son frère jumeau : Sean McEvoy était policier et est présumé suicidé. C’est ce que tout le monde pense, sauf Jack, qui est persuadé que la cause de la mort est le meurtre. Le journaliste arrive alors sur la piste d’un meurtrier tueur de policiers…

Critique :

Attention, chef d’œuvre ! J’attendais énormément de ce premier roman de Connelly que je lis, mais il ne me déçoit quand même pas, plaçant la barre très très haut ! Tout y est dans ce livre qui ne m’a pas lâchée une seule seconde, qui garde toujours énormément de suspense sans pour autant nous lasser de rebondissements, et c’est là le talent de Connelly. Malgré les énièmes retournements de situation, l’enquête est rendue tellement intéressante qu’on ne peut plus la lâcher. La psychologie des personnages est extrêmement bien creusée, et malgré leur multiplicité, on ne s’y perd jamais. Connelly sait amener les personnages et les évènements dans son récit, qui est extrêmement bien construit et qui ne laisse jamais de temps morts. Pour ce qui est de l’écriture, j’ai trouvé qu’on s’approchait vraiment de la perfection pour un roman policier. Pas de style « prise de tête », mais pas non plus quelque chose de trop simple : c’est un juste milieu, une écriture fignolée sans trop l’être. Parfait pour accrocher encore plus au roman et avoir une lecture vraiment très agréable. Les descriptions un peu plus longues arrivent au bon moment, et pour ce qui est des discussions très réalistes entre les personnages, c’est du très très haut niveau, là aussi on atteint la perfection, du moins à mon sens.

Alors, merci Monsieur Connelly pour ce grand moment de lecture, et si vous êtes amateur de romans policiers ou que vous voulez en découvrir, ruez-vous sur ce chef d’œuvre du genre !

La Jeune Fille à la perle, de Tracy Chevalier (1999)

lajeunefillealaperleTitre : La Jeune fille à la perle (titre original : Girl with a pearl earring)

Auteur : Tracy Chevalier

Année : 1999

Genre : Fiction historique

Histoire :

Tracy Chevalier imagine comment le peintre Vermeer a été inspiré pour peindre son tableau « La Jeune Fille à la perle », ainsi que l’histoire fictive de la jeune fille qui est peinte dessus.

Griet est une jeune fille issue d’une famille pauvre qui va travailler chez le peintre Vermeer. Celui-ci désire alors faire son portrait, mais le secret est dur à cacher et fait naître des rumeurs dans la ville…

Critique :

Je connaissais Tracy Chevalier de nom et ce livre m’intriguait beaucoup. On me l’a prêté et j’ai eu donc la possibilité de lire. Finalement, je ne suis pas trop surprise, et le livre est exactement comme je m’y attendais , avec des qualités et des défauts. Le point fort du roman est évidemment le personnage de Griet et la peinture qui est faite de l’époque de Vermeer, avec les conditions de vie, les relations entre les personnages, etc…En effet, et c’est là la seule surprise que m’a réservé le livre, Tracy Chevalier ne s’intéresse pas tellement à la relation entre Griet et Vermeer mais passe beaucoup de temps à nous décrire les conditions de travail de la jeune fille, et ses relations avec la famille Vermeer toute entière. C’est donc plus une « fresque » historique, qui s’attache donc à un petit monde de personnages qui se côtoient, qui s’attirent, se détestent, se surveillent. Et on en vient alors au grand défaut que j’ai trouvé à cette œuvre : ça manquait très franchement de profondeur, dans le sens où je pense que Tracy Chevalier aurait pu beaucoup plus creusé ses personnages, notamment les secondaires. Le roman est quand même assez court et aurait mérité   de gagner un peu en étouffement, je pense qu’une cinquantaine de pages de plus pour creuser tout ça n’aurait pas été de trop, quitte à prendre le risque que certains moments traînent un peu en longueur. Mais le tout aurait donc pu être alors plus intense et touchant, selon moi.

D’un point de vue de général, La Jeune fille à la perle reste quand même un très bon roman très intéressant et qui propose une jolie interprétation de l’histoire du tableau de Vermeer et une belle peinture de l’époque et du milieu dans lequel il a été peint. Je pense aussi jeter un coup d’œil à l’adaptation qui en a été faite avec Scarlett Johansson et Colin Firth.

Enquête dans le brouillard, d’Elizabeth George (1988)

enquetedanslebrouillardTitre : Enquête dans le brouillard (titre original : A Great Deliverance)

Auteur : Elizabeth George

Année : 1988

Genre : Policier

Prix : Grand prix de littérature policière 1990

Histoire :

Dans le Yorkshire, William Teys est retrouvé assassiné, la tête coupée. A côté de lui, sa fille Roberta dit avoir fait cela et ne rien regretter. Deux policiers de Scotland Yard viennent de Londres pour enquêter : il s’agit de Thomas Lynley, bel inspecteur issu d’une famille riche et de Barbara Havers, d’origine modeste, pas très jolie et détestant Lynley et sa classe sociale.

Critique :

Premier livre d’Elizabeth George, c’est également le premier que je lis d’elle. Lynley et Havers se rencontrent et je les ai donc découvert en même temps. Bien que totalement opposés, ils sont attachants tous les deux et j’ai accroché immédiatement à cette équipe improbable, où les deux se complètent l’un l’autre grâce à leurs différences. Deux excellents personnages principaux lié au très beau style d’Elizabeth George, forcément je craquerai pour les autres livres de la série Lynley. Mais en plus de cela s’ajoute une enquête passionnante qui révèle tout le temps des surprises et qui tient en haleine jusqu’aux dernières pages. Même lorsque tout semble résolu, il y a encore de terribles découvertes. Car cette intrigue est en effet horrible, et je suis sortie bien secouée de cette lecture. Elizabeth George, bien qu’Américaine, place son histoire en Angleterre. Mais malgré les paysages romanesques de la campagne anglaise et les références à Jane Austen et surtout aux sœurs Brontë, on est très loin d’un petit meurtre « tranquille » à l’arsenic entre personnes de bonne société. Ici, la victime a eu le droit à la hache et à la fin, la « solution » et surtout la manière dont la vérité est dévoilée est macabre et très déstabilisante. C’est pourtant un beau « mélange » que nous livre Elizabeth George qui n’est donc pas un Agatha Christie ou un Conan Doyle, mais qui n’est pas pour autant un polar totalement noir à la Ellroy. C’est un juste milieu qui m’a beaucoup plu et que donc, je vous conseille sans hésitation.