Le tueur et son ombre, de Herbert Lieberman (1989)

685694_10447775Titre : Le Tueur et son ombre (titre original : Shadow Dancers)

Auteur : Herbert Lieberman

Année : 1989

Genre : Policier

Histoire :

L’inspecteur Mooney enquête sur une série de crimes particulièrement violents. Mais alors que l’enquête piétine, le médecin légiste Konig découvre qu’il y a deux tueurs, le deuxième imitant le premier.

Critique :

Alerte au chef d’œuvre ! Après avoir adoré Nécropolis du même auteur, j’avais hâte de me replonger dans le New York un peu glauque de Herbert Lieberman. Si comme moi, vous êtes amateurs de meurtres particulièrement horribles et sanglants, de psychopathes particulièrement torturés et de flics particulièrement déterminés, vous allez aimer Le Tueur et son ombre. Lieberman a une vraie plume et sait nous transporter dans des scènes qui sont anthologiques. On est captivé de la première à la dernière page dans cette chasse à l’homme qui dure des mois et des mois et qui pourtant ponctuée régulièrement de retournements, de découvertes, de nouveaux meurtres. Le Tueur et son ombre m’a vraiment offert ce que j’attends d’un roman policier ; du divertissement mais pas seulement ; des personnages creusés qu’on puisse se représenter et auxquels on puisse s’attacher, un écriture efficace allant à l’essentiel mais qui prend également son temps pour nous décrire des scènes (oui, de crime particulièrement affreuses et d’autopsie mais pas seulement) et la psychologie des personnages et des moments inoubliables. Tout cela mène à une ambiance extraordinaire, avec une mention spéciale pour la vieille maison de Suki qui me hantera sûrement pendant des mois (et me rendra maniaque). Arrive finalement un dénouement digne de Lieberman que j’avais pressenti mais que j’ai pourtant pris grand plaisir à découvrir tellement la fin d’enquête est bien menée. Le Tueur et son ombre est donc une œuvre à ne pas manquer, surtout lorsqu’on est friand de romans policiers mais pas seulement, et qui causera sûrement bien des nuits blanches de lecture tant on veut connaître la suite et on est immergé dans ce New York criminel.

Crime et châtiment, de Fiodor Dostoïevski (1866)

9782253082507FSTitre : Crime et châtiment

Auteur : Fiodor Dostoïevski

Année : 1866

Genre : Classique, policier

Histoire :

Raskolnikov est étudiant à Saint-Pétersbourg. Un jour, il assassine violemment une usurière et sa sœur. Pris de remords, il s’isole et pense que tout le monde le suspecte, devenant presque fou…

Critique :

Pendant quelques années, Crime et châtiment a fait partie de ces livres que je souhaitais lire mais que je n’osais pas ouvrir, non pas parce qu’il s’agit là d’une « grosse brique », mais parce que je pensais être encore trop jeune pour le découvrir, avec le risque de ne plus vouloir le relire plus tard (ce qui m’est arrivé avec d’autres œuvres lues trop tôt et dans lesquelles je n’ai toujours pas envie de replonger). C’est finalement un des plus gros coup de cœur de cette année 2014 et que je n’oublierai pas de sitôt ! Si ce livre vous fait peur, n’hésitez plus. Plongez-vous dedans, car il est d’une beauté extraordinaire. L’écriture de Dostoïevski est une pure merveille qui fait atteindre le sublime à des scènes comme celle du crime qui est absolument extraordinaire. A partir de ce moment, j’avais à la fois constamment envie de continuer de lire et de découvrir la suite, et pourtant j’avais peur de ce que j’allais justement découvrir. On s’identifie à ce Raskolnikov, ce criminel qui finit par devenir paranoïaque et fou, et on a envie qu’il échappe à la justice. On lui pardonne en partie son crime, car sa route finit par croiser celle de personnages coupables eux aussi et antipathiques. Raskolnikov est aussi un personnage très creusé psychologiquement et le miroir des opinions de Dostoïevski sur l’existence, la morale et la souffrance. Autour de lui gravitent d’autres personnages eux aussi plus incroyables les uns que les autres, bien que parfois un tantinet caricaturaux. C’est notamment le cas de Dounia, la sœur de Raskolnikov, un peu trop pure à mon goût et dont on retrouve ce type de personnage dans de nombreux romans du XIXème (c’est aussi peut-être ce qui fait leur charme?). Néanmoins, Crime et châtiment me « rabiboche » avec la littérature russe que j’avais évité après une première tentative avec Anna Karenine et me donne envie de découvrir le reste de l’œuvre de Dostoïevski. Son livre est véritablement un chef d’œuvre que je ne peux que vous inciter à découvrir et qui fait partie de ces œuvres à lire au moins une fois dans sa vie.

Limonov, d’Emmanuel Carrère (2011)

limonovTitre : Limonov

Auteur : Emmanuel Carrère

Année : 2011

Genre : Biographie romancée

Prix : Prix Renaudot 2011

Histoire :

Edouard Limonov, figure littéraire et politique emblématique russe, a eu une vie d’exception. Depuis sa naissance et son enfance sous le régime de Staline, Carrère raconte son parcours dans la Russie de la deuxième moitié du Xxème siècle, avec ses œuvres écrites, ses femmes, ses rêves de gloire.

Critique :

Si Limonov ne fera pas partie de mes romans favoris, il reste néanmoins un véritable choc. Je suis née après la chute de l’URSS et je connais l’Histoire russe de manière très très superficielle, mais j’ai été véritablement happée par ce voyage dans la Russie (et les Etats-Unis) vue par Limonov et Carrère, même si j’ai été parfois un peu perdue par tous les noms et les événements historiques. Cependant, l’élément le plus extraordinaire du livre est le personnage de Limonov lui-même. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas croisé un personnage aussi marquant et complexe. On ne peut ni l’aimer ni le détester. On ne peut s’empêcher de froncer les sourcils en découvrant certaines de ses prises de positions et actes, notamment à Sarajevo (ce qui avait déjà scandalisé à l’époque). Limonov est également sûr de lui et peut paraître parfois antipathique. Pourtant, Carrère qui semble lui aussi partagé à certains moments sur son ressentiment pour le dissident nous donne envie de le suivre, de la comprendre. On finit par avoir envie qu’il réussisse et quoiqu’il en soit sur ce qu’on pense de lui à la fin du roman, on ne peut que avoir été marqué profondément par cette homme à la personnalité et à l’engagement très forts. Quant au style de l’auteur, Carrère utilise une écriture parfois documentaire et didactique, mais pourtant très agréable. N’hésitant pas non plus à donner son avis et des indications sur son propre parcours, il réussit le pari de cette biographie qui semble toujours être entre fiction et réalité, tout en rajoutant parfois de l’humour noir ou cynique qui apporte aussi beaucoup, notamment au personnage principal. Un roman très marquant et très intéressant à lire qui a eu le prix Renaudot en 2011 et qui le mérite !

This blog isn’t dead !

Bonjour bonjour !

Cela faisait plusieurs mois que je n’avais plus posté une seule critique et à l’occasion d’une masse critique Babelio, je m’y suis remise. La dernière fois, j’étais au lycée, j’allais passer mon bac L et surtout, j’étais très occupée par mes vœux d’études supérieures. Du coup, je n’ai pas eu le temps depuis d’écrire une seule critique et en écrivant celle de Juste une mauvaise action, j’ai d’ailleurs senti à quel point j’avais perdu la main. Ces derniers mois, j’ai donc eu de grands changements dans ma vie et je n’avais vraiment plus la tête à écrire des critiques, d’autant plus que j’ai eu beaucoup moins de temps pour lire. Je suis maintenant en prépa cinéma et mon emploi du temps est toujours aussi chargé mais j’aimerais essayer de réécrire de temps en temps des critiques, pour le plaisir d’écrire et de partager. Ce ne sera pas forcément sur toutes mes lectures mais sur celles qui me marquent, que ce soit négativement ou positivement, ou celles dont j’ai envie de partager mon avis avec vous. J’avais eu l’occasion de me connecter quelques fois sur WordPress et à chaque fois, je voyais de nouvelles personnes qui s’abonnaient à mon blog : merci à vous ! ❤

Voilà, c’était donc pour vous prévenir que j’essayerais de poster plus fréquemment et que mon blog n’est pas mort. Même si mon temps de lecture a considérablement chuté, j’ai lu ces derniers mois de très bons livres (souvent pour ma prépa) que j’aimerais partager, donc je vais écrire ces prochains temps de courtes critiques sur eux ! 🙂

See you soon pour de nouvelles aventures livresques  ! 😀

Florence

Juste une mauvaise action, d’Elizabeth George (2014)

justeunemauvaiseactionTitre : Juste une mauvaise action (titre original : Just an evil act)

Auteur : Elizabeth George

Année : 2014

Genre : Policier

Histoire :

Alors que le lieutenant Lynley se reconstruit après un drame personnel, le sergent Havers est elle préoccupée par l’enlèvement de la fillette d’un ami, Azhar. La mère était partie sans donner de nouvelles avec sa fille en Toscane avant de revenir pour signaler le kidnapping de la petite., accusant Azhar d’avoir mis en œuvre cela pour se venger. Mais les choses s’avèrent être plus compliquées…

Critique :

J’ai pu lire Juste une mauvaise action dans le cadre de la masse critique organisée par Babelio et en ayant seulement lu le premier livre mettant en scène le sergent Havers et le lieutenant Lynley, Enquête dans le brouillard. J’avais beaucoup apprécié ce dernier et avait prévu de me replonger tôt ou tard dans une nouvelle aventure des deux enquêteurs.

En dépit des nombreuses critiques négatives ou du moins mitigées que j’ai lu sur plusieurs sites, il me semble que Juste une mauvaise action n’est pas un si mauvais roman, même s’il n’est pas un chef d’œuvre. L’affaire est très entraînante et bien que la fin soit prévisible, c’est avec plaisir qu’on se laisse porter par les multiples rebondissements qui ne sont pas redondants pour autant. Elizabeth George réussit malgré une enquête au départ très simple (l’enlèvement d’une fillette) à tisser une histoire sans longueurs et à construire une intrigue intéressante. Les personnages sont attachants, avec notamment une mention spéciale pour l’enquêteur italien Salvatore Lo Bianco dont j’espère qu’on recroisera le chemin dans les prochains romans. Havers est toujours aussi revêche et peu disposée à suivre les ordres et les conseils, mais elle est pourtant toujours aussi attachante. Quand à Lynley, il me semble qu’il est un peu en retrait pendant cette enquête, se remettant d’un traumatisme récent. Les lecteurs n’ayant donc pas lu les livres précédents seront peut-être un peu déçus (comme je l’ai été) de ne pas avoir pu suivre le fil de son histoire personnelle. J’ai lu également des lecteurs agacés par la traduction. Je ne peux pas en témoigner totalement mais il est dommage en effet que la traduction des phrases italiennes soient si maladroites. Elles sont parfois laissées (ce qui n’est pas un défaut en soi, car elles apportent parfois plus de réalisme aux scènes en Toscane) avec la même phrase traduite juste après, ce qui perturbe un peu le rythme des dialogues. Mais mis à part ces détails, Juste une mauvaise action reste un roman très intéressant qui nous entraîne réellement dans les rues et les paysages de la Toscane et dont on suit avec plaisir le récit et ses personnages.

Nécropolis, d’Herbert Lieberman (1976)

necropolisTitre : Nécropolis (titre original : City of the Dead)

Auteur : Herbert Lieberman

Année : 1976

Genre : Policier

Prix : Grand prix de littérature policière 1977 (roman étranger)

Histoire :

New York est la ville du crime et le docteur Konig, médecin légiste en chef, est aux premières loges pour s’en apercevoir. Tous les jours, il autopsie des cadavres de tout genre, jusqu’aux derniers qui sont arrivés par petits bouts, entendez membres tous découpés, une vraie soupe d’os.

Et puis un jour, sa fille Lolly disparaît. Konig va devoir la retrouver.

Critique :

Les coups de cœur deviennent une habitude, cette année…Mais ce n’est pas pour me déplaire, loin de là ! Surtout lorsque le dernier coup de cœur en question est un roman policier, genre que j’apprécie de plus en plus.

Dans ce domaine, Nécropolis est même plus qu’un policier. Herbert Lieberman, spécialiste du « policier new-yorkais », semble particulièrement bien renseigné sur le corps humain, en particulier lorsque celui-ci est en plusieurs morceaux et a passé un petit moment à moisir de la boue. Du coup, le lecteur a le droit à des descriptions absolument succulentes sur 500 pages, mais si vous aimez ce genre de malsainité autant que moi, vous allez adorer. Surtout que c’est intelligent, sur l’écriture comme dans l’histoire. Les personnages sont aussi vrais que nature, blasés dans la grosse pomme livrée à la violence et de laquelle ils semblent totalement prisonniers, pestant les uns contre les autres (on a d’ailleurs droit à de beaux échanges). Les intrigues se croisent, ayant en commun le personnage de Konig, et permettant de multiples rebondissements sans être lassants. Le coup de maître, et c’est ce dans quoi aurait pu tomber le roman, c’est que malgré ce milieu sombre et noir, Herbert Lieberman n’est pas déprimant.

Konig, lui, est une très belle trouvaille. C’est un personnage seul, obsédé par son travail, qui nous émoit par moment et qui pourtant, est un égoïste froid qui injurie ses collègues. C’est finalement un anti-héros total, un fonctionnaire dont la seule faille est la disparition de sa fille, mais sans cela, il serait vraiment détestable. Un personnage très fouillé psychologiquement que Lieberman nous offre donc là. L’auteur m’a convaincue et ses autres romans viennent de finir sur ma PAL.

La vierge dans la glace, d’Ellis Peters (1982)

laviergedanslaglaceTitre : La vierge dans la glace (titre original : The Virgin in the ice)

Auteur : Ellis Peters

Année : 1982

Genre : Policier, historique

Histoire :

Dans le Moyen-Age anglais, pendant la guerre civile et en plein cœur de l’hiver, le frère Cadfael doit se lancer à la recherche de trois jeunes voyageurs égarés. Il trouve alors un corps dans la glace .

Critique :

Coup de cœur inattendu pour ce polar historique se déroulant pendant le Moyen-Age, en Angleterre ! Avant de commencer ce livre, je ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve Frère Cadfael, moine, détective à ses heures perdues et accessoirement un des personnages les plus importants de l’écrivaine anglaise Ellis Peters.

Dès le début, nous sommes plongés dans une ambiance inquiétante, perdus avec les personnages dans des tempêtes de neige, des forêts et des paysages très bien « évoqués » par l’écriture d’Ellis Peters. L’enquête est intéressante et pleine de rebondissements. Il s’agit au départ de la recherche de trois voyageurs qui se sont enfuis d’un couvent à cause de la guerre, et cette œuvre devient alors un jeu de pistes, surmonté en plus d’un crime dont il faut trouver le coupable. Il y a donc vraiment de tout dans ce livre policier qui parfois, ressemblerait même à un roman d’aventures ! Les personnages sont attachants (notamment Yves et frère Elyas), et même si je ne connaissais pas Frère Cadfael, on l’apprécie très vite et on découvre rapidement son histoire personnelle (et la fin réserve une surprise incroyable et très belle !). Le monde des moines et des monastères durant le Moyen-Age, que je ne connais pourtant pas trop, m’a alors beaucoup intéressée et ce sera avec plaisir que je lirais d’autres livres de la série !

C’est donc un roman très réussi sur tous les plans et que je vous conseille vraiment pour passer un bon moment !

Paris est une fête, d’Ernest Hemingway (1964)

parisestunefeteTitre : Paris est une fête (titre original : A Moveable Feast)

Auteur : Ernest Hemingway

Année : 1964

Genre : Roman autobiographique

Histoire :

Ernest Hemingway raconte ses premières années d’écrivain, lorsqu’il vivait à Paris avec sa femme Hadley dans les années 20, et alors qu’il était journaliste sans le sou et qu’il rédigeait des nouvelles et des contes.

Critique :

N’étant pas une grande connaisseuse en matière de littérature américaine, j’avais hâte de découvrir un de ses écrivains les plus emblématiques, Ernest Hemingway. Et cette expérience me donne vraiment envie de creuser plus la littérature du « nouveau monde » !

Paris est une fête est une ballade dans une ville magnifiquement décrite par l’auteur américain, où le seul défaut qui m’a un peu titillé eest l’écriture, parfois un peu lourde avec les « et » répétitifs, mais c’est vraiment là du chipotage. Passons plutôt à l’éloge du roman…Il n’y a pas de véritable histoire, seulement la déambulation d’un homme qui évoque des souvenirs et des tableaux dans la ville lumière dans les années 20. C’est une promenade magique, qui donne envie de visiter chaque lieu cité dans le livre et qui nous fait rencontrer comme jamais les contemporains d’Hemingway, comme Ford Madox Ford, Fitzgerald ou encore Ezra Pound, et nous fait rentrer dans leur intimité. L’écriture est simple et pourtant, nous fait tout ressentir : les odeurs dans les rues, le goût du café crème que boit l’auteur, et cela nous conduit jusqu’à imaginer la lumière du matin qui s’infiltre dans le petit appartement d’Hemingway où jouent son fils et leur chat. Pas de longues descriptions, et pourtant les images racontées par l’écrivain valent toutes les photographies noires et blanches de l’époque. Sa femme, qu’il dit être le personnage principal du livre, on a l’impression d’être près d’elle, de voir ses cheveux, de sentir son parfum et de pouvoir toucher le tissu de ses vêtements !

Une édition parue en 2011 (voir par exemple l’édition Folio) permet de prolonger le plaisir avec des vignettes parisiennes inédites qui sont elles aussi des moments de vie qui eurent lieu éphémèrement il y a presque cent ans, mais que Hemingway sait nous restituer avec brio !

Les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos (1782)

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Titre : Les Liaisons dangereuses

Auteur : Choderlos de Laclos

Année : 1782

Genre : Classique, roman épistolaire

Histoire :

A travers les lettres échangées entre les différents personnages, nous découvrons le vicomte de Valmont et la maquise de Merteuil, deux libertins amis et anciens amants mais pourtant en compétitions dans la séduction et les conquêtes. Valmont décide de séduire la vertueuse présidente de Tourvel et la marquise le met au défi de corrompre également la jeune et innocente Cécile de Volanges.

Critique :

Une longue lecture qui explique en partie le fait que je n’ai pas posté depuis longtemps, mais un roman très intéressant…

Contrairement à ce que le titre et le résumé semblent indiquer, Choderlos de Laclos n’a pas écrit un livre de libertinage, mais seulement un roman de mœurs où l’auteur dénonce le Mal régnant et corrompant même les personnages les plus vertueux. A travers de nombreuses lettres, il présente différents types de personnages ciselés et excellemment bien approfondis : le duo Valmont/Merteuil, de véritables libertins qui n’ont pour seul objectif les conquêtes et leurs « proies » (principalement Cécile de Volanges et la présidente de Tourvel). Valmont est un homme rusé, intelligent et donc dangereux. Il use de tous les moyens pour corrompre qui il veut et pour arriver à ses fins. Il semble maître de tout, comme son ancienne maîtresse, la marquise de Merteuil, libertine expérimentée et sans pitié mais qui, face au reste de la société, porte le masque de veuve vertueuse. A noter que les deux sont magnifiquement interprétés au cinéma par John Malkovitch et Glenn Close dans l’adaptation (parmi tant d’autres) du réalisateur Stephen Frears.

Dans son tableau des rapports amoureux et libertins mais aussi du besoin de vengeance, Choderlos de Laclos est particulièrement subtil et les passions des personnages sont par conséquent très convaincantes. En plus d’être soutenu par cela, l’œuvre est d’autant meilleure qu’elle est extrêmement bien écrite. Le style d’écriture est vraiment très beau malgré sa complexité, et les mots sont au service des sentiments des personnages et superbement bien utilisés.

Un classique à ne pas manquer, donc, et qui reste quand même très moderne !

Le Poète, de Michael Connelly (1996)

lepoeteTitre : Le Poète (titre original : The Poet)

Auteur : Michael Connelly

Année : 1996

Genre : Policier

Histoire :

Jack McEvoy, journaliste, vient de perdre son frère jumeau : Sean McEvoy était policier et est présumé suicidé. C’est ce que tout le monde pense, sauf Jack, qui est persuadé que la cause de la mort est le meurtre. Le journaliste arrive alors sur la piste d’un meurtrier tueur de policiers…

Critique :

Attention, chef d’œuvre ! J’attendais énormément de ce premier roman de Connelly que je lis, mais il ne me déçoit quand même pas, plaçant la barre très très haut ! Tout y est dans ce livre qui ne m’a pas lâchée une seule seconde, qui garde toujours énormément de suspense sans pour autant nous lasser de rebondissements, et c’est là le talent de Connelly. Malgré les énièmes retournements de situation, l’enquête est rendue tellement intéressante qu’on ne peut plus la lâcher. La psychologie des personnages est extrêmement bien creusée, et malgré leur multiplicité, on ne s’y perd jamais. Connelly sait amener les personnages et les évènements dans son récit, qui est extrêmement bien construit et qui ne laisse jamais de temps morts. Pour ce qui est de l’écriture, j’ai trouvé qu’on s’approchait vraiment de la perfection pour un roman policier. Pas de style « prise de tête », mais pas non plus quelque chose de trop simple : c’est un juste milieu, une écriture fignolée sans trop l’être. Parfait pour accrocher encore plus au roman et avoir une lecture vraiment très agréable. Les descriptions un peu plus longues arrivent au bon moment, et pour ce qui est des discussions très réalistes entre les personnages, c’est du très très haut niveau, là aussi on atteint la perfection, du moins à mon sens.

Alors, merci Monsieur Connelly pour ce grand moment de lecture, et si vous êtes amateur de romans policiers ou que vous voulez en découvrir, ruez-vous sur ce chef d’œuvre du genre !